Le plateau est délicieux, et pour cause, les clubs incontournables de la région y laissent leurs pattes. Les Alpine, les R16, les membres du « Gold'n'Eldorado » en légendes yankee roulantes, ou l'inimitable Colmar Auto Rétro dont le trésorier se mua en grand maître du « polishage » sur son étincelante MGB devant une assistance conquise : « Je t'assure, avec ce produit, quand il pleut, ça perle ! ». Le produit est bon, mais le coude est bien huilé, car le polish, ça use les bras...
 Outre les démonstrations de fonctionnement d'un moteur à l'huile végétale, ou de colza, les autos radio-commandées ou les grillades sur fond de Rockabilly, le chaland pouvait admirer de robustes avant-guerres (Mathis, Citroën à moteur « flottant »...), une belle Facel-Vega ou une non moins désirable Maserati Indy. Et une rangée entière était dédiée à ce monument de l'histoire qu'est la 2CV, apportée en nombre par le club « 2CV O'Rhin ». Parmi elles, déjà fort disparates (du « Type A », la première Deuche, aux modèles outrancièrement personnalisés), un étonnant cabriolet carrossé par l'Allemand Hoffmann.

« On me demande ce que c'est »

 Eric, son propriétaire, l'a achetée en kit. Si « une vidéo est fournie », l'habile bricoleur a tout de même bossé deux mois durant pour réaliser cette auto unique, du moins, en France. « J'ai dû l'homologuer à titre isolé, mais en Allemagne, il y en a davantage. En Alsace, c'est sûrement la seule », reconnaissable entre toutes puisqu'elle arbore une calandre de Traction « en fibre, comme le capot et les ailes ». La partie arrière est moulée d'un seul tenant, et « il faut être deux pour la mettre en place. Sinon, on peut tout faire soi-même, à condition de savoir se servir d'une scie à métaux ! ».
 Avec son moteur d'origine, celui de la 2CV6, le cabriolet Hoffmann permet donc de cruiser à 110/120km/h, cheveux au vent, et le son typique du boxer bicylindres dans les tympans. Dans la rue, c'est un peu l'émeute. « On me demande souvent ce que c'est ! Ca se voit pourtant, c'est une 2CV ! » Capotée, on ne risque pas de la croiser souvent : « Je préfère le bonnet à la capote, même en hiver ». Un peu baroque, anachronique, mais tout de même fine et originale, cette 2CV incarne sans doute le rêve de nombreux amateurs. La géniale simplicité de conception d'une « deux pattes », et la sensation de liberté inhérente aux cabriolets réunis. Et l'exclusivité en prime.